Berenice Abbott

Berenice Abbott

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Berenice Abbott (1898-1991) À dix-neuf ans Bernice Abbott fuit une enfance malheureuse dans une famille décomposée en rejoignant l’université de l'Ohio et rapidement les Beaux Arts de la ville de New York où elle fréquente Greenwich Village et ses cercles d'artistes et d'intellectuels. Elle y rencontre Man Ray, la baronne Elisa Von Freytag-Loringhoven ou encore Marcel Duchamp.

Après quelques essais en sculpture et en peinture, elle se lance dans l'aventure du voyage en embarquant vers Paris en mars 1921. Là, elle travaille dans l'atelier d'Emilie Bourdelle, puis dans l'atelier de Constantin Brancusi.

Elle est bientôt rejointe par d'autres américains mais elle reste sans revenu et sans vocation. Elle tente sa chance dans la sculpture et la danse à Berlin, sans réussite, et étudie dans la Kunstschule avant de revenir à Paris. Man Ray lui propose de devenir son assistante. Il lui apprend les techniques du tirage en laboratoire pour lesquelles elle se montre douée puis celle de la prise de vue. Les portraits qu'elle fait de ses amis plaisent et elle réussit à en tirer quelques revenus. La concurrence avec Man Ray l'oblige à le quitter rapidement.

Le studio qu'elle ouvre alors avec l'aide de Peggy Guggenheim connait le succès. André Gide, Jean Cocteau, James Joyce, Marie Laurencin, André Maurois, Djuna Barnes, la baronne Murat y sont photographiés.

Après avoir découvert Eugène Atget en 1925 grâce à Man Ray, elle lui achète quelques tirages. En 1927, elle se décide à lui demander de poser pour elle. Quand elle vient lui présenter ses photos, il est trop tard. Le photographe dont elle admirait tant l'œuvre était mort peu après la séance. Elle profite de sa bonne situation financière pour acheter toutes les archives négligées d'Atget. Elle ne cessera de défendre son œuvre par des livres et des expositions, ce sera un déchirement quand, plus tard, elle devra vendre 50% des droits. De par les articles et les livres qu'elle a publié sur le travail d'Atget, Bérénice Abbott a contribué à faire connaître son oeuvre.

En 1929, au cours d'un passage à New York elle est surprise par les changements : la ville qu'elle habitait huit ans auparavant est en train de disparaître. Cet étonnement sera à l'origine de son premier projet photographique d'envergure : Changing New York qui aboutira en 1937 avec une exposition au Museum of Modern Art de New York. Mais la vie à New York n'est pas aussi aisée qu'elle le pensait et sa renommée parisienne ne lui sert à rien dans l'Amérique où la concurrence entre photographes est plus rude qu'ailleurs. Bérénice Abbott n'appartient pas au cercle des admirateurs d'Alfred Stieglitz qui domine alors le microcosme photographique imposant le modèle pictorialiste.

La crise de 1929 et la Grande Dépression qui suit réduisent considérablement ses revenus. Les financements, pourtant modestes, qu'elle sollicite pour Changing New York lui sont partout refusés, malgré les expositions intermédiaires qui lui apportent une reconnaissance limitée.

En 1935, un poste d'enseignement de la photographie lui permet de s'assurer un revenu fixe et son projet est enfin reconnu par le Federal Art Project. Elle peut alors s'y engager pleinement et le projet débouche en 1937 sur une exposition au Museum of city of New York suivi d'un port-folio dans Life et d'un livre en 1939. Forte de ce succès elle continue à valoriser l'œuvre d'Atget et découvre celle d'un autre photographe dédaigné des pictoralistes : Lewis Hine.

Son refus d'appartenir aux cénacles, la jalousie des autres photographes, les restrictions budgétaires et son esprit d'indépendance la poussent à démissionner en 1939 quand son programme est interrompu.

Elle s’intéresse désormais à la photographie scientifique estimant que, alors que la majorité en ignore tout, la science domine le monde contemporain est dominé par la science. Elle fait le pari que la photographie doit contribuer à la culture scientifique des américains mais elle sera bien seule à défendre cette conviction. Déjà oubliée de la mode photographique, elle repart en quête de financements, vivant dans l'intervalle de maigres commandes. C'est le lancement de Spoutnik par l'URSS en 1957 qui lui donnera raison. Les USA craigant d'être dépassés par les communistes se prend de curiosité pour la science. Elle obtient de collaborer avec Massachusetts institute of technology et peut en quelques années réaliser les photos auxquelles elle pense depuis vingt ans.

Sa santé fragile l'oblige à quitter New York pour s'établir dans le Maine, elle y réduit peu à peu ses activités photographiques pour se consacrer à l'écriture : The World of Atget est publié en 1964, suivi d'ouvrages techniques. Elle est à peu près dans l'oubli qu'elle a tenté d'éviter à Atget puis Hine, quand, dans les années 1970, son œuvre bénéficie du regain d'intérêt général pour la photographie. Elle reçoit de nombreux prix et honneurs. C'est avec une part d'amertume qu'elle apprécie ce succès tardif.

1939 : Changing New York, (réed. en 1973 sous le titre New York in the Thirties)
1941 : A Guide to Better Photograhy
1948 : The View Camera Made Simple
1949 : Greenwich Village Today and Yesterday
1953 : A New Guide to Better Photography
1964 : The World of Atget
1964 : Magnet
1965 : Motion
1968 : A Portrait of Maine
1969 : The Attractive Universe